UFC-Que Choisir Clermont-Ferrand

AL UFC-QUE CHOISIR CLERMONT-FERRAND, INFORMER

WHATSAPP ET FACEBOOK

 

Si vous utilisez WhatsApp, vous avez sans doute reçu une invitation à accepter les nouvelles conditions d’utilisation du service et la politique de confidentialité mise à jour, qui devaient entrer en vigueur le 8 février 2021 (whatshap a annoncé un report de 3 mois devant la fuite massive de ses abonnés). Dans ces textes, la messagerie contraint ses utilisateurs à partager leurs données avec sa maison-mère, Facebook. En cas de refus, vous ne pourrez tout simplement plus utiliser le service. Ce qui est contraire au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Nous vous proposerons en fin d’article des solutions alternatives.

Cesser d’utiliser WhatsApp ou se résigner à partager vos données avec Facebook, sa maison-mère ?

Si vous comptez parmi les 2 milliards d’adeptes de la messagerie, la question va se poser. Depuis quelques jours, WhatsApp invite en effet ses utilisateurs à accepter ses conditions d’utilisation et sa politique de confidentialité datées du 4 janvier 2021. Sans ce consentement, dès le 8 février, la messagerie deviendra inaccessible. WhatsApp résume les principaux changements en deux points : la manière dont le service traite les données, et la manière dont les entreprises peuvent utiliser les services hébergés par Facebook pour stocker et gérer leurs discussions WhatsApp.

 L’invitation envoyée par WhatsApp contraint à accepter la nouvelle politique de confidentialité pour continuer à utiliser le service après le 8 mai 2021.

En réalité, le partage des données des utilisateurs de WhatsApp avec Facebook n’est pas nouveau : la transmission des informations avec la maison-mère a fait son apparition dans les conditions d’utilisations du service en 2016 (2 ans après le rachat de WhatsApp par Facebook en 2014). Numéro de téléphone, fréquence des messages, statut, groupes, modèle de votre smartphone, niveau de batterie, opérateur, adresse IP… La liste des informations collectées automatiquement est longue. Et elle s’allonge encore avec les fonctionnalités optionnelles (localisation, contacts, données de paiement), si vous les utilisez. Mais jusqu’à présent, la messagerie laissait encore le choix aux utilisateurs de partager, ou pas, ces informations ; Il était aussi possible de revenir sur cette décision, comme mentionné dans la politique de confidentialité de l’été dernier (20 juillet 2020) (1) : « Vous pouvez choisir de ne pas partager vos informations de compte WhatsApp avec Facebook pour améliorer vos expériences avec les produits et publicités Facebook. Les utilisateurs (…) auront 30 jours supplémentaires pour faire ce choix en allant dans Paramètres > Mon Compte ». Dans les nouvelles clauses, cette mention a bien sûr disparu.

UNE CONTRAINTE LEGALE ?

 En contraignant ses utilisateurs à partager leurs données avec Facebook (mais aussi avec Instagram, qui appartient également au réseau social), WhatsApp affirme rester dans les clous de la réglementation. L’entreprise consacre un chapitre entier de sa politique de confidentialité à la base légale sur laquelle repose l’exploitation des données qu’il collecte et partage. En Europe, les consommateurs sont protégés par le RGPD (Règlement général sur la protection des données). Et s’il n’interdit pas formellement l’échange de données entre filiales d’un même groupe, le texte pose des conditions. Les utilisateurs doivent notamment être informés avec clarté et donner leur accord sans subir de pression : dans le jargon, on parle de « libre consentement ». Et là, ça coince. Interrogée par Que Choisir, la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) réserve son avis sur la validité des nouvelles conditions d’utilisation de WhatsApp, mais rappelle néanmoins la position du Comité Européen de la Protection des Donnée (2) : « Si le consentement est présenté comme une partie non négociable des conditions générales, l’on considère qu’il n’a pas été donné librement. » Un utilisateur de WhatsApp devrait pouvoir refuser ou retirer son accord « sans subir de préjudice ». Or ici, le préjudice est direct puisque sans acceptation du nouveau contrat, les utilisateurs seront privés du service ! Nouveau bras de fer en perspective entre WhatsApp et les autorités…

WHATSAPP, FACEBOOK, LES DONNEES… ET LA LOI

 WhatsApp et Facebook n’en sont pas à leur première incartade avec la législation sur les données personnelles. En novembre 2017, la Cnil avait constaté que la messagerie échangeait déjà des données avec sa maison-mère en dehors, à l’époque, de tout cadre légal. Elle l’avait donc mis en demeure de se conformer. Cette procédure, toujours en cours, devrait trouver une issue en 2021. Notez par ailleurs que dès le rachat de WhatsApp, en 2014, Facebook avait pris la réglementation à la légère, en matière de concentrations d’entreprises (3) cette fois. La Commission européenne avait en effet constaté que Facebook avait menti : il était déjà techniquement possible de mettre en correspondance les identités des utilisateurs de Facebook et de WhatsApp, les employés de Facebook étaient au courant, alors que le réseau social affirmait le contraire. Le 18 mai 2017, le réseau social avait écopé d’une amende de 110 millions d’euros.

QUELLES SOLUTIONS ?

 Vous aurez à choisir une solution si vous êtes abonné à Whatshap. Quitter les réseaux sociaux est une solution. Mais le côté pratique de cette application est important : téléphone, visiophonie, transmission de photos, de vidéos gratuits. D’autres applications pointent le bout de leur nez pour se repaître de la bête.  Abandonnez WhatsApp au profit d’une application alternative solide offrant toutes les conditions de sécurité nécessaires à la protection de vos données personnelles.

Il n’y a pas que WhatsApp dans la vie. Et des alternatives, ce n’est pas ce qui manque en matière de messagerie instantanée. Si toutes ne sont évidemment pas au niveau de WhatsApp en termes de fonctionnalités, certaines s’en tirent haut la main et n’ont pas à rougir face à elle. Nous avons sélectionné pour vous trois alternatives crédibles qui disposent de tout ce qu’il faut pour remplacer au pied levé WhatsApp. Reste désormais à essayer de convaincre votre entourage de migrer vers l’une de ces solutions.

SIGNAL

Utilisée par Edward Snowden ou encore par Jack Dorsey, le patron de Twitter, l’application de messagerie Signal qui a fait de la confidentialité son cheval de bataille est un excellent choix pour quiconque souhaite pouvoir échanger avec des proches sans s’asseoir sur sa vie privée. Née en 2014, Signal est développée par la Signal Foundation, une organisation américaine à but non lucratif créée par Moxie Marlinspike, le PDG de Signal, qui est aussi cryptographie et chercheur en sécurité, et Brian Acton, un des cofondateurs de WhatsApp ayant quitté le navire en 2017. L’application est « open source » et se charge de sécuriser vos messages à l’aide d’un système de chiffrement de bout en bout, basé sur Signal Protocol, un protocole cryptographique libre. Signal fait ainsi la promesse de ne pouvoir ni lire vos messages, ni écouter vos appels. Signal intègre tout ce qui se fait de mieux en matière de messagerie instantanée et vous permettra d’envoyer des messages texte et vocaux, d’échanger des photos, vidéos et GIF, mais aussi de passer des appels audio et vidéo avec vos proches. Pour utiliser Signal, une inscription à l’aide de votre numéro de mobile est nécessaire. Vous pourrez par ailleurs utiliser la messagerie sur Windows et macOS après avoir scanné un QR Code, comme le propose WhatsApp.

TELEGRAM

Elle aussi open source, Telegram est une application de messagerie instantanée ayant été lancée en 2013 par les frères Dourov, farouches opposants à Vladimir Poutine. Misant tout sur la sécurité des utilisateurs et de leurs données personnelles, Telegram chiffre tous les messages et propose même une fonction permettant d’envoyer des messages qui s’autodétruisent.

L’application offre évidemment la possibilité de réaliser des appels audio et vidéo, mais peut aussi servir de plate-forme d’échange de fichiers. Telegram n’impose aucune limite de taille sur les photos, vidéos et documents que vous échangez sur la plate-forme.

Mais ce qui différencie surtout cette messagerie de la concurrence est son côté social. Telegram accueille ainsi des canaux de conversation publique, similaire à des forums de discussion en ligne, dans lesquels peuvent échanger jusqu’à 200 000 membres. L’application, qui nécessite une inscription à l’aide d’un numéro de téléphone, est disponible sur iOS et Android mais aussi sur Windows, macOS et Linux.

VIBER

Bien qu’application propriétaire, l’application Viber, rachetée en 2014 par Rakuten, embarque tous les outils que l’on est en mesure d’attendre d’une application de messagerie instantanée. L’application permet donc d’envoyer des messages texte, d’appeler en audio et en vidéo, de lancer des discussions et des appels de groupe, de partager des fichiers ou encore de configurer des messages autodestructibles. Tous les messages échangés sur Viber sont de bout en bout à l’aide d’un protocole qui prend sa source sur le protocole utilisé par Signal.

Comme Telegram, Viber vous permettra en plus de participer à des discussions publiques, le tout en restant discret puisque, même si l’application permet de trouver des personnes par leur nom, elle masque automatiquement les numéros de téléphone des utilisateurs. Aussi, dans le cas où vous enverriez un message erroné, Viber vous permet de modifier ou de supprimer les messages chez tous les interlocuteurs participants à une conversation.

Enfin, l’inscription à Viber se fait à l’aide d’un numéro de téléphone, et l’utilisation de l’application ne se limitera pas à l’application mobile sur Android ou iOS puisqu’une version desktop pour Windows, macOS et Linux vous permettra de continuer vos conversations depuis un ordinateur.

  1. Politique de confidentialité de WhatsApp

En date du 20 juillet 2020 : https://www.whatsapp.com/legal/privacy-policy/?lang=fr.

En date du 4 janvier 2021 : https://www.whatsapp.com/legal/updates/privacy-policy-eea.

  1. Le Comité Européen de la Protection des Données (CEPD) est un organe européen indépendant qui regroupe les autorités de protection des données.
  2. Règlement (CE) n° 139/2004 du Conseil du 20 janvier 2004 relatif au contrôle des concentrations entre entreprises

 

Sources : quechoisir.org et 01net.com