UFC-Que Choisir Clermont-Ferrand

1-ACTIONS LOCALES

EHPAD Les Oliviers de Durtol ; mais que se passe-t-il ?

Jeudi 12 septembre dernier, en présence de Monsieur le député Nicolas Bonnet de la 3ème circonscription du Puy de Dôme, de FR3 Auvergne (#) et du journal La Montagne(#), le personnel de l’EHPAD Les Oliviers (appartenant au Groupe DOMIDEP depuis 2018), en grève illimitée, manifestait devant les grilles de l’EPHAD, rejoint en cela par un certain nombre de familles de résidents.

Le personnel estime que suite à la dégradation des conditions de travail et au manque d’effectif (il manque 12 personnes en CDI), leur rôle ne peut plus être rempli convenablement.

Cela peut surprendre venant d’un EHPAD renommé et classé parmi les meilleurs du département du Puy De Dôme. Que se passe-t-il donc ?

En fait, la situation n’est pas si brillante que cela, à l’instar de nombreux autres EHPAD en France, comme à l’EHPAD les Amandiers à Marignane (13) en grève le mercredi 11 septembre, ou à la Villa Victor Hugo au Creusot en grève au mois de mai (ces EHPAD appartiennent tous au groupe DOMIDEP)

Les résidents et résidentes seraient-ils en danger ?

Les résidents constatent une opacité dans le déroulé de la prise en soin (douches, kiné, évènements particuliers non signalés…) ; manque de personnel pour aider aux repas et aux couchers, hygiène corporelle déplorable, absence d’hygiène bucco dentaire.
Les temps d’attente, après un appel, sont plus longs; difficulté de trouver de l’aide, ce qui amène à un passage contraint de la continence à l’incontinence.
Perte et vol de vêtements, objets personnels, lunettes, appareils auditifs,  ce qui entraîne des frais à la charge des familles !

Les familles, depuis plusieurs mois,  ressentent un malaise latent.
La Direction de l’EHPAD des Oliviers, alertée des très nombreux dysfonctionnements constatés, ne répond pas aux mails et aux courriers (ou répond par des messages mensongers qui se veulent rassurants). Il y a une absence de communication avec les familles
Elles  se posent des questions eut égard aux démissions en cascade de tous les cadres (jusqu’au médecin et psychologue ces derniers jours) ainsi qu’à un absentéisme croissant des équipes soignantes.
Elles éprouvent une perte totale de confiance et une inquiétude grandissante pour la qualité de vie de leurs proches, de la désespérance et une infinie tristesse
Elles constatent une opacité dans la gestion de l’établissement ; tout cela au regard des coûts conséquents qui s’élèvent à près de 4000 euros par mois pour celles et ceux qui n’ont pas d’aide (un prix pour des prestations indignes).
La colère grandit !

Les équipes soignantes se trouvent dans une situation professionnelle et morale très difficile et confient ne plus être en mesure d’exercer leur métier correctement.
Elles sont maltraitées, déconsidérées, épuisées et démotivées.
Elles pallient tant bien que mal aux carences du groupe DOMIDEP qui depuis des mois reste sourd à leurs revendications.

« Nos résidents sont en droit de recevoir des soins de qualité dans un établissement qui se dit qui se dit haut de gamme ».
Le personnel en place aux Oliviers, soucieux du bien être des résidents, vit très mal de ne pas pouvoir s’occuper d’eux avec suffisamment de bienveillance et de ne plus pouvoir prendre de temps avec chacun d’eux, de ne pas pouvoir leur offrir l’accompagnement qu’ils méritent!
De nombreux dysfonctionnements découlent d’un défaut d’organisation et d’un manque d’écoute, de communications qui durent depuis trop longtemps!
Depuis quelques temps le recrutement de soignants diplômés est de plus en plus difficile.

« Nous sommes en sous effectif permanent ; nous vivons des jours où sur 6 soignantes prévues en étage, elles se retrouvent à 4 ou 5 (voir 3 le mardi 2 septembre).
Et quand on est moins nombreux, que le personnel démissionne car  il n’arrive plus à travailler dans de bonnes conditions, et bien, ce qui saute en 1er, c’est le prendre soin… puis après on va de plus en plus vite, et puis on partage les soins avec des intérimaires plus ou moins compétents qui ne sont que de passage.
Et ça, ça crée de la Maltraitance non seulement vis-à-vis des personnes âgées mais aussi de la Maltraitance de nous. »
Propos recueillis auprès du personnel soignant.

En fait, il y a une dégradation générale dans tous les secteurs depuis près d’un an (Soins, Intendance, Restauration, Réception, Logistique, Entretien des locaux et des extérieurs).

Pourquoi ?

  • Démission en cascade des cadres et absentéisme en forte hausse
    Horaires tendus, rappel sur les jours de congé, non-respect de l’équilibre vie professionnelle-vie privée, personnel non valorisé et non considéré,
    Turn-over permanant et trop important avec beaucoup d’intérimaires de passage qui manquent de formation, de compétence, d’empathie.
  • Baisse inquiétante de la qualité des soins,
    Absence de contrôle des soins effectués,
    Mauvaise prise en charge des pathologies spécifiques en gériatrie par méconnaissance,
    RV médicaux à l’extérieur non honorés, non annulés.
  • Non qualité de la restauration,
    Qualité de la restauration déplorable, non équilibrée, voir dégradée pour le service à l’étage
    Diminution des quantités…
  • Manque d’entretien des bâtiments et des lieux de vie, des extérieurs, du matériel de mobilité….
    Dégradation du bâtiment,
    Absence d’investissements pour améliorer la vie des résidents,
    Jardin en friche et mobilier extérieur sale, jamais nettoyé au cours de l’été,
    Entretien sommaire des chambres,
    Matériel mal utilisé, parfois sale et en mauvaise état (fauteuils roulants, lève malade etc.…).

(#) Pour en savoir plus, consulter notre site internet https://clermontferrand.ufcquechoisir.fr/

et lire l’article paru dans La Montagne du 13-09-2024
Regarder le reportage de FR3 Auvergne Rhône Alpes :

NOTRE COMMENTAIRE

À l’occasion des Assises des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), mardi 10 et mercredi 11 septembre à Paris, les professionnels en charge des personnes âgées tirent la sonnette d’alarme. Ils font le point sur la situation du secteur et alertent quant à l’accroissement des difficultés rencontrées.
Les 10.000 établissements que compte le territoire connaissent de graves problèmes financiers. Ils doivent aussi faire face à des problèmes de recrutement et à une crise de confiance avec les familles qui s’est aussi accentuée avec la surmortalité de la période Covid dans les Ehpad et le scandale Orpea.

Pour rappel l’UFC QUE CHOISIR a publié plusieurs études proposant des solutions concernant l’hébergement des séniors.